Bresle en bref
Département : Somme
Code postal : 80300
Population : 0 habitants
Région : Picardie
Arrondissement : Amiens
Canton : Corbie
Code postal : 80300
Population : 0 habitants
Région : Picardie
Arrondissement : Amiens
Canton : Corbie
Histoire de Bresle
Un fleuve frontièreLa vallée de la Bresle près de Monchaux-Soreng en Normandie, l'autre versant de la vallée appartient à la Picardie
Depuis longtemps, le cours de la Bresle ( surtout dans sa partie inférieure ) a joué un rôle de frontière naturelle, ainsi il séparait les provinces romaines de Belgique et de Lyonnaise durant l'Antiquité, le Talou et le Vimeu durant la période mérovingienne, le comté de Ponthieu et le duché de Normandie à partir du XIe siècle[17], les généralités et intendances de Rouen et d'Amiens sous l'Ancien Régime. Depuis la Révolution, le fleuve délimite les départements de la Somme et de la Seine-Maritime, autrefois Seine-Inférieure, et ainsi, depuis les années 1950, les régions Picardie et Haute-Normandie.
Cette fonction de frontière s'illustre dans un épisode légendaire de la Vie de Saint Germain de Grande Bretagne, plus connu sous le nom de Saint Germain l'Écossais. Alors que l'Empire romain d'occident s'affaiblissait, vers l'an 480, Germain, venu du Cotentin, s'installa sur les bords de la Bresle entre Blangy-sur-Bresle et Aumale, désireux de convertir de nouvelles âmes[18]. Le fleuve séparait encore les provinces de Belgique et de Lyonnaise, le territoire de cette dernière était, à cet endroit du cours, le domaine du franc Chuchobald, connu sous le nom du tyran Hubaud. Celui-ci menaca Saint Germain de mort s'il osait s'aventurer sur ses terres. Faisant fi des paroles du chef barbare, le saint homme franchit la Bresle et pénétra en territoire hostile[18]. Un guerrier d'Hubaud le reconnaissant lui trancha la gorge de laquelle, selon une légende populaire, une blanche colombe sortit[19]. Les habitants de la région récupérèrent le corps du malheureux, l'ensevelirent et un important pélérinage se développa en ces lieux (le sarcophage, ayant contenu les restes de Saint Germain, se trouve dans l'église de Saint-Germain-sur-Bresle)[19].
Patrimoine
La collégiale Notre-Dame et Saint-Laurent d'Eu
Sur une cinquantaine de kilomètres, d'Aumale à la mer, la vallée de la Bresle garde de nombreux témoignages patrimoniaux de sa longue occupation par les hommes. Près de Blangy-sur-Bresle, des productions du néolithique, retrouvés sur le mamelon de Campigny, ont laissé leur nom à une industrie de cette période: le campignien[20]. La période gallo-romaine est présente avec les ruines d'une grande villa, véritable palais rural, découverte grâce à la prospection aérienne près de Vieux-Rouen-sur-Bresle[21] et surtout le site archéologique de Bois-l'abbé près de la ville d'Eu. Sur un espace couvrant plusieurs dizaines d'hectares, à 2 km au sud de la cité, s'étendent les vestiges d'une agglomération, Augusta ambianorum, occupée du milieu du Ier siècle à la fin du IVe siècle dont les fonctions sont encore mal établies, chef-lieu de pagus des Catuslogi et/ou ville-sanctuaire oubliée. Les fouilles ont permis de dégager plusieurs temples, des thermes publics (dont un établissement destiné uniquement aux femmes), un théâtre pouvant accueillir 5 000 spectateurs[22].
Le Moyen Âge, à partir du traité de Saint-Clair-sur-Epte, signé en 911, qui scella la naissance du duché de Normandie, vit l'érection de nombreux châteaux et églises dont l'édifice préservé le plus important est la collégiale Notre-Dame et Saint-Laurent d'Eu. Édifiée entre 1186 et 1280 en l'honneur de Saint-Laurent O'Tool, archevêque de Dublin, mort au monastère de la ville en 1181, cette église présente un des premiers types de l'art gothique normand au XIIIe siècle[23]. Capitale du comté éponyme, créé en 996, la ville d'Eu fut le lieu du mariage de Guillaume le Conquérant et de Mathilde de Flandres célébré en son château vers 1050[24] et de célèbres tournois de chevalerie auxquels participa Guillaume le Maréchal, le meilleur chevalier du monde d'après Georges Duby[25]. Durant la même période, le port voisin du Tréport, siège d'une abbaye bénédictine fondée en 1036 par Gilbert de Brionne, comte d'Eu[26], se développa avec le détournement du cours de la Bresle par Henri Ier, autre comte, à la fin du XIIe siècle et, surtout, grâce à la liberté de commerce accordée à tous les navires venant au Tréport et à Eu par Henri II Plantagenêt à la même période[26]. La fin du Moyen Âge et les débuts de l'Époque moderne furent plus difficiles: en 1472, Charles le Téméraire prit et mit à sac Aumale n'épargnant même pas l'abbaye[27], en 1475, Louis XI, voulant empêcher Édouard IV d'Angleterre de s'emparer du Tréport et de Eu, donna l'ordre d'incendier les deux cités dont seules les églises furent épargnées[28].
Catherine de Clèves
L'arrivée de la reine Victoria au château d'Eu en 1843, peinture d'Eugène-Louis Lami
La période du XVIe siècle au XIXe siècle fut marquée, dans la vallée de la Bresle, par la présence et l'action de grands personnages et la construction de nouveaux édifices (Église Saint-Pierre et Saint-Paul d'Aumale édifiée de 1508 à 1610[29], église Saint-Jacques du Tréport construite à partir de la seconde moitié du XVIe siècle[30]). Le XVIe siècle porte l'empreinte de Catherine de Clèves et de son mari, Henri Ier de Guise dit le Balafré, comtesse et comte d'Eu, qui commencèrent l'édification des principaux monuments de la ville: l'actuel château en 1578[28], le collège des Jésuites en 1580 et la chapelle attenante en 1613 où reposent les deux époux[31]. Au XVIIe siècle émergent les personnalités de Mme de Joyeuse, belle-fille de Catherine de Clèves, qui fit bâtir un Hôtel-Dieu, tenu, à partir de 1658, par les sœurs hospitalières de la Miséricorde de Jésus, de l’ordre de Saint-Augustin[31] et de la duchesse de Montpensier dite la Grande Demoiselle à qui l'on doit l'embellissement du château et l'aménagement de ses jardins à la française[9]. Ce fut sans doute au XIXe siècle, sous le règne de Louis-Philippe Ier (1830-1848), que la vallée connut son apogée, le dernier roi de France faisant du château une de ses résidences favorites, permettant ainsi le développement du commerce et de la navigation sur la Bresle (voir paragraphe géographie), y recevant, à deux reprises, en 1843 et en 1845, la reine Victoria pour y sceller la reconciliation franco-britannique[32]. La fin du siècle fut marquée par l'inauguration, le 1er juillet 1875, de la voie ferrée Paris-Nord - Le Tréport-Mers[33], empruntant la vallée de la Bresle, qui favorisa l'activité verrière en lui offrant de nouveaux débouchés (voir paragraphe suivant) et le tourisme avec la mode des bains de mer au Tréport et à Mers-les-Bains qui devinrent des stations balnéaires très prisées.
Les communes de la vallée de la Bresle subirent de graves destructions durant la Seconde Guerre mondiale. Si au Tréport et à Eu les dégâts furent importants, les villes d'Aumale et de Blangy-sur-Bresle furent littéralement ravagées par les bombardements allemands de 1940, puis alliés de 1944, la plupart des habitats traditionnels disparut à cette période[34].
source : Wikipedia