Strasbourg en bref
Département : Bas-Rhin
Code postal : 67000
Population : 0 habitants
Région : Alsace
Arrondissement : Strasbourg-Ville
Canton : Canton non précisé
Code postal : 67000
Population : 0 habitants
Région : Alsace
Arrondissement : Strasbourg-Ville
Canton : Canton non précisé
Histoire de Strasbourg
Antiquité : les origines de la villeFontaine de Janus, réalisée par Tomi Ungerer pour les 2000 ans de la ville en 1988
Le site de Strasbourg était déjà occupé pendant l’âge de Bronze, par un petit village de pêcheurs. Puis le site est devenu une bourgade celte du nom d’Argentorate. Dotée d’un sanctuaire et d’un marché, le village est alors de taille très modeste[13].
La plaine d'Alsace appartenait plus tard, à la tribu germanique des Triboques, venus de la rive droite du Rhin, avec Arioviste roi des Suèves, à la demande des Séquanes afin de battre les Eduens de Bourgogne, dès années 71 à 58 avant J.-C.; cela résulte clairement du texte de Jules César La Guerre des Gaules. Arioviste et son peuple occupèrent d'ailleurs une partie du territoire de leurs alliés les Séquanes.
En -12, le général romain Drusus, frère de Tibère, fonde une nouvelle ville et romanise son nom en Argentoratum. C'était alors un camp militaire fortifié positionné sur le limes (frontière de l'empire romain) du Rhin faisant partie des castella Drusi, les forts de Drusus. Un canabae (agglomération d'habitations civiles) s'est développé autour du camp et vers l'ouest, prélude au développement durable de la ville.
Après la soumission des tribus germaniques à Rome, le limes est repoussé à l'est, Argentoratum devient alors la base arrière des Romains jusqu’à la fin du IIIe siècle. En 352, la ville est détruite par les Alamans et les Francs ; Julien l'Apostat reconquit la ville en 357, court répit avant une nouvelle poussée expansionniste des Germains. En 406, Huns, Burgondes, Vandales et Suèves envahissent la Gaule. La ville est détruite en 451 par Attila et cette période sombre de la décadence romaine fait qu'on ne sait rien de la ville de ce temps-là.
Moyen Âge : une cité allemande florissante et rayonnante
La ville est restaurée sous le nom de Strateburgum en 496 par les Francs qui favorisent le développement de la ville, après la conversion de Clovis au christianisme. En effet, Argentoratum est l’une des rares villes de la région à être le siège d'un évêque, véritable gouverneur de l’époque. Les VIIIe siècle et IXe siècle furent prospères, la ville vit sa population doubler, une nouvelle cathédrale fut construite et le commerce se développait, toujours sous la tutelle de l’évêque qui avait les pleins pouvoirs. De nouvelles paroisses furent créées.
En 842, la ville accueillit Charles le Chauve et Louis le Germanique qui s’allièrent contre leur frère Lothaire pour le partage de l’Empire légué par leur grand-père Charlemagne et prononcèrent les Serments de Strasbourg, plus ancien texte rédigé en langue romane (ancêtre du français, entre autres) et en langue tudesque (ancêtre de l’allemand). À l’issue de ce conflit en 843, le traité de Verdun attribua Strasbourg à Lothaire mais à sa mort, la ville revint à la Germanie. En 962, Otton le Grand fonda le Saint Empire Romain Germanique et s’appuya sur l’Église en lui octroyant des pouvoirs temporels fort. Strasbourg obtint alors le droit de justice et celui de battre monnaie.
La ville continuait à prospérer et à s’étendre. Une nouvelle enceinte fut construite au XIIe siècle et elle fut agrandie un siècle plus tard. De 1202 à 1220, la ville s'enrichit de quartiers autour des églises Saint-Pierre-le-Jeune et Saint-Pierre-le-Vieux. De nombreuses tours de fortification furent construites à cette époque, et ne disparurent du paysage urbain qu'au XIXe siècle.
La maison des tanneurs à la Petite France
À partir de 1228, les quartiers maraîchers ont fait à leur tour partie intégrante de la cité. Le Finkwiller, le quai des Bateliers, la rue des Bouchers ou la rue d'Or témoignent des nombreuses corporations présentes à l'époque et indispensables à la vie quotidienne des Strasbourgeois. Ces axes étaient entourés de murailles à la même époque. Le système défensif des Ponts Couverts a également été élaboré à ce moment. Les quatre tours actuelles faisaient partie des remparts et étaient reliées par des ponts couverts d'une toiture en bois, disparue au XVIIIe siècle. Elles abritaient les corps de garde mais servaient aussi de prison. Autre vestige : la porte de l'Hôpital. Cet agrandissement n'a été terminé qu'en 1344.
Les bourgeois, écartés du pouvoir, souhaitaient s’impliquer dans la vie politique et obtinrent en 1214 le droit de créer un conseil avant de prendre le pouvoir en 1262 au terme de la bataille de Hausbergen. S’ensuit une période trouble pendant laquelle les luttes de pouvoirs furent source de nombreux conflits. Le point culminant de ces conflits fut la lutte de deux familles rivales, les Zorn et les Mullenheim, véritable guerre civile provoquant en 1332 une révolte des Strasbourgeois. Le pouvoir revint alors à la classe marchande. Après cette longue période de troubles, une nouvelle organisation politique se créa au XVe siècle : le conseil de la ville s’appuyait sur les conseils des XIII, des XV, et des XXI, un Ammeister (maire) est nommé par le conseil tandis que quatre Stettmeister nommés par les nobles complétaient l’administration. La ville comptait alors plus de 16 000 habitants, frappait monnaie et obtint le statut de ville libre d’Empire, ce qui en fit une véritable principauté.
La cathédrale.
Vers 1370-1390, à la fin de la guerre de Cent Ans, la population redoutait l'invasion des bandes de pillards qui parcouraient la région. Ainsi la municipalité décida de protéger les parties Ouest et Nord de la ville.
La ville en 1493
La dernière extension de la cité médiévale date de 1387-1441. Elle concernait le quartier de la Krutenau, habité par de nombreux pêcheurs et maraîchers. La ville ne connu pas d'autre agrandissement avant le XIXe siècle. Le Moyen Âge est l'âge d'or de Strasbourg. Sa richesse croissante était due à l'activité des bourgeois, mais surtout à sa topographie. Grâce à ses nombreuses voies fluviales et routières, cette ville, entourée d'eau, était un centre de commerce particulièrement actif.
Ainsi, dès l'aube du Moyen Âge, le vin d'Alsace était connu en Allemagne, aux Pays-Bas et jusqu'en Angleterre et en Scandinavie. Strasbourg exportait également textiles et céréales, mais importait en revanche de nombreux produits de luxe tels que le verre, les peaux, les fourrures, les soieries et les épices. L'Ancienne Douane est un des rares témoins de ce commerce fluvial florissant. Situé sur les bords de l'Ill, à l'emplacement de l'ancien port de Strasbourg, ce bâtiment a été construit en 1358 pour stocker et prélever des taxes sur les marchandises transitant par Strasbourg.
Le symbole le plus significatif de cette opulence est la Cathédrale. Quatre siècles ont été nécessaires à la construction de cet édifice, érigé à la gloire de Notre-Dame. Les travaux démarrèrent en 1015 sur les fondations d'une ancienne basilique romane. Sa flèche n'a été achevée qu'en 1439. Cette longue édification fait de ce chef d'œuvre une synthèse des courants artistiques du Moyen Âge. Toute la cité était un véritable chantier d'églises, fondées par des moines ou des familles nobles. Parmi les plus anciennes, Saint-Pierre-le-Vieux, Saint-Pierre-le-Jeune, Saint-Thomas. À côté des églises, de nombreux couvents ont vu le jour : une vingtaine au total. De cet ensemble demeure le cloître de l'église Sainte-Madeleine et celui de Saint-Pierre-le-Jeune.
Ces nombreux monuments montrent que, durant tout le Moyen Âge, l'art était essentiellement au service de la foi. C'est le chantier de la cathédrale qui a drainé tous les artistes de renom. Une grande majorité d'entre eux étaient anonymes. Il faut attendre le XVe siècle pour que se développe l'art de la peinture. Toute une école alsacienne, spécialisée dans les retables, s'épanouit à cette période.
Quant à la vie intellectuelle, elle fut marquée au XVe siècle par la révolution de l'imprimerie. En effet, Johannes Gensfleisch, dit Johannes Gutenberg a profité des dix années qu'il a passées à Strasbourg pour y concevoir l'imprimerie à caractères mobiles. Strasbourg ne tarda pas à devenir un des grands centres de l'imprimerie. Elle comptait une cinquantaine d'officines d'imprimeurs à la fin du Moyen Âge. Cette invention favorise le courant humaniste qui fait jour à Strasbourg. Jakob Wimpheling, Geiler von Kaysersberg ou Sébastien Brant sont des grands noms de l'Humanisme strasbourgeois. Cependant, aucun n'adhère à la Réforme, mais par leur esprit critique et leur dénonciation des abus de l'Église, ils ont préparé l'avènement de la Réforme protestante.
Renaissance : Strasbourg, au cœur des courants humanistes allemands
La place du marché aux cochons de lait.
La Renaissance fut pour la ville une période trouble. L'Humanisme et la Réforme sont les faits marquants de l'époque. Strasbourg est une des premières villes qui appela au changement. Dès 1518, les thèses de Luther furent affichées aux portes de la cathédrale. Les écrits luthériens se propagèrent grâce aux imprimeurs. La ville adopta la Réforme en 1524 et attribua les églises aux protestants. Strasbourg accueillit les dissidents religieux et propagea leurs idées grâce à l’imprimerie. La ville était alors à son apogée. Parallèlement au mouvement de la Réforme, la révolte des paysans se répandit. Ils étaient 50 000 en 1525, excédés par les abus des nobles et du clergé. Ils parcouraient la campagne mettant à feu et à sang châteaux et abbayes qui se trouvaient sur leur passage. Strasbourg se refusait à intervenir, ne les aidant ni les combattant.
Mais le déclin arriva avec les guerres. L’empereur Charles Quint, catholique, mena la guerre contre les princes protestants et leurs alliés (Strasbourg). La ligue protestante fut vaincue et la ville restitua la cathédrale Notre-Dame et deux églises aux catholiques. La ville connut aussi des difficultés financières. En 1592 enfin, les finances de la ville furent complètement épuisées par la longue et ridicule guerre des évêques. Elle avait pour origine l'élection d'un nouvel évêque, pour laquelle catholiques et protestants ne parvenaient pas à se mettre d'accord. La guerre fit rage pendant près de 20 ans, semant la désolation dans les alentours. L'introduction de la Réforme mit fin à la production artistique qu'elle a privée de son mécène habituel : l'Église catholique. Une quarantaine d'Autels disparurent de la Cathédrale. L'art se détournait donc de la religion pour se consacrer aux monuments profanes. En architecture, les transformations se firent lentement. Le style Renaissance ne fut introduit que dans les années 1550-1580. Au XVIIe siècle, le classicisme à l'italienne fit place à une architecture ornementale et maniériste, notamment dans les réalisations en bois dont l’hôtel du Corbeau est un bel exemple.
Plan de la ville en 1572
Au style simplifié du Moyen Âge succéda le décor sculpté. La Maison Kammerzell illustre parfaitement ce goût pour la sculpture en abondance. Situé place de la Cathédrale, cet édifice doit son nom à l'épicier Jean-François Kammerzell qui l'acquit au cours du XIXe siècle. Ses façades comportent de nombreuses sculptures de bois réparties sur trois étages autour de soixante-quinze fenêtres. Une iconographie variée y est représentée. Tout comme la Maison des Tanneurs, la Maison Kammerzell rappelle la prédominance du colombage qui apparut à cette époque. Cependant, même si l'architecture en bois était prépondérante, la brique crépie était un matériau très employé dans les constructions publiques et privées. La Chambre de commerce en est un échantillon. Construit en 1585, cet édifice en pierres de taille servit d'abord d’hôtel de ville. Son architecture est originale. La façade comporte trois ordres grecs, mais le toit qui la surmonte est pentu avec de nombreuses lucarnes, trait typique des bâtiments strasbourgeois. La Chambre de commerce fait partie des nombreuses commandes publiques faites par le magistrat de la Ville.
Ancien Régime : une nouvelle patrie
La guerre de Trente Ans éclata en 1618, guerre de religion européenne opposant les protestants et les catholiques. L’Alsace fut ravagée, mais Strasbourg resta neutre dans ce conflit. À l’issue de la guerre en 1648, par les traités de Westphalie, l’Alsace fut occupée par la France, mais Strasbourg demeurait ville libre impériale. La ville était isolée, affaiblie, n’avait rien à attendre de l’Empire germanique vaincu, et lorsqu’elle fut assiégée par les troupes de Louis XIV, le 30 septembre 1681, Strasbourg signa la capitulation, traité par lequel elle reconnaissait la suzeraineté de la France. Le roi fit alors abattre symboliquement un pan de la fortification de la ville. Ceci créa une ouverture par laquelle il pu pénétrer dans Strasbourg, marquant ainsi la soumission de la cité au pouvoir royal. Un accord fut passé entre Louis XIV et l'ammestre : dix articles visant à préserver les libertés essentielles de la cité, sur les plans politique, administratif et religieux. Par contre, elle fut privée de son artillerie et de ses milices et dut accepter l'installation d'une troupe de garnison.
La Maison Kammerzell
Échappant de ce fait à la souveraineté municipale, de nombreux et nouveaux habitants s'établirent à Strasbourg, attirés par la vie brillante de société qui s'y développait. Tous construisaient leur hôtel. Un de ces nobles, le cardinal Armand Gaston de Rohan-Soubise, fils naturel de Louis XIV, fit construire un nouveau palais épiscopal, appelé plus tard palais des Rohan, sur les rives de l'Ill, face aux maisons des bourgeois. Strasbourg conserva néanmoins la plupart de ses avantages. La ville devint hautement stratégique pour la France, véritable bastion sur le Rhin et accueillit alors une importante garnison. Mandaté par Louis XV, Jacques François Blondel dessina un plan d'embellissement de Strasbourg, plan qui, faute de moyens, ne fut que partiellement réalisé. Strasbourg lui doit notamment la construction de l'Aubette sur la place Kléber et l'aménagement de la place du Marché-Gayot.
Les ponts couverts
Mais ce furent surtout les fortifications de Vauban qui marquèrent cette période, avec notamment la construction d'une protection ingénieuse en amont de l'Ill, en face des Ponts Couverts, et celle d'une imposante citadelle au sud-est, placée face à l'Allemagne. Vauban, de son côté, entreprit la construction d'une vaste citadelle en forme d'étoile, à mi-chemin entre le Rhin et la ville, destinée à surveiller cette dernière. Le barrage Vauban est une autre de ses réalisations. Bâti pour fortifier le système des Ponts Couverts, il permit d'inonder le sud de la ville en cas d'attaque.
Peu à peu le paysage urbain se modifiait. Toutes ces nouvelles demeures constituent aujourd'hui plus de la moitié du patrimoine architectural de la vieille ville. Elles s'inspiraient à l'époque des hôtels parisiens entre cour et jardin. Se réalisait une synthèse des nouvelles tendances parisiennes et des caractéristiques locales. Cette annexion marqua pour Strasbourg le début d’une nouvelle prospérité. La ville devint la capitale régionale, la bourgeoisie s’enrichit et se construit de belles demeures.
L'époque des hôtels particuliers est aussi celle des salons littéraires. La haute société strasbourgeoise se mit à l'heure française. Une foule de jeunes nobles venus d'Allemagne, d'Angleterre, de Suède ou de Suisse envahirent les bancs de l'Université, tels que Goethe. Des arts somptuaires se développaient, tel que la faïencerie Hannong. L'orfèvrerie strasbourgeoise connut un regain accru. La ferronnerie était également très prospère, grâce à la construction des hôtels particuliers. Mais à l'opulence des uns s'oppose la misère des autres. Un cinquième de la population avait recours à la mendicité. La ville était surpeuplée, engoncée dans ses murailles médiévales. Strasbourg connut pourtant au XVIIIe siècle le développement de nouvelles activités économiques. Brasseries et ateliers de tabac s'ouvrirent en grand nombre. Mais le commerce de la cité périclita en raison des fortes taxations et de l'insécurité des routes. Le trafic fluvial s'éteint également.
De 1789 à 1870 : un nouvel âge d'or
Mise à sac de l’hôtel de ville de Strasbourg, le 20 juillet 1789
En 1789, lorsqu’éclata la Révolution française, la ville comptait entre 55 000 et 60 000 habitants. L'Hôtel de Ville fut pris d'assaut et mis à sac le 20 juillet 1789. L'autorité de l'ammestre fut ébranlée et il démissionna. Les privilèges furent abolis. La Révolution française fut assez bien accueillie par la population et les nouvelles institutions furent rapidement adoptées. La ville connut néanmoins le contre coup de cette époque troublée, notamment pendant la Terreur qui sévit durant deux années. À cette époque incertaine, le système défensif était important. La présence militaire dans la ville fut grande après la Capitulation. Forte garnison et haut commandement s'installèrent. L'Aubette, construite de 1765 à 1778, abritait les corps de garde.
En 1792, le capitaine Claude Joseph Rouget de Lisle composa dans la rue de la Mésange un chant pour l’armée du Rhin, qui devint la Marseillaise qui fut interprétée publiquement quelques jours après sa composition sur la Place Broglie. Strasbourg sortit fortement affaiblie de cette période de troubles. Sous l'Empire, Strasbourg connut un nouveau développement. Après la Révolution française, la prospérité fut grande. Le passage continuel des troupes produisit une activité étonnante. Le goût du luxe reprit et s'étendit à la classe moyenne. Le préfet Lezay-Marnésia contribua fortement à l'essor de la ville et du département. Il favorisa le développement de la culture de la garance, de la betterave sucrière, du houblon et du tabac. La cité devint un véritable entrepôt pour toutes ces marchandises. Lezay-Marnésia développa également le réseau routier.
L'époque est aux grandes réalisations : le canal du Rhône au Rhin et le pont routier entre Strasbourg et Kehl furent construits. Le style romantique révèle l'entrée de la ville dans une ère nouvelle et dans le monde moderne. La technologie était désormais présente dans l'architecture. Des ponts de fer et de fonte apparurent en ville comme le pont Saint-Thomas. Construit en 1841, il est constitué d'un tablier reposant sur des arcs creux, en fonte. L'heure était aussi aux hôtels cossus et aux réalisations industrielles. L'ancien hôtel du Rhin ou la Manufacture des Tabacs illustrent parfaitement cette activité prospère.
Le remarquable mouvement de construction engendré par la modernité est présent dans tous les domaines. La construction du Nouvel Opéra et la fondation du Conservatoire confortèrent l'image de Strasbourg comme cité intellectuelle. La politique municipale dans les domaines universitaire et scolaire eut de nombreuses conséquences. L'Université, abolie par la Révolution française, renaît sous forme d'Académie. Les arts et sciences sont protégés. De 1800 à 1870, Strasbourg changea de physionomie, non seulement grâce aux grandes réalisations mais aussi parce que l'on avait la volonté de l'embellir. Les jardins de l'Orangerie et la promenade Broglie furent achevés. En 1840, les statues de Gutenberg et Kléber furent réalisées par les sculpteurs David d'Angers et Philipp Gruss. Même les rues furent l'objet de transformations : elles étaient équipées de trottoirs et de lampadaires. L’époque napoléonienne est donc un retour à la prospérité et au faste qui dura jusqu’à la guerre de 1870.
De 1870 à 1945 : une ville troublée par trois guerres
Carte de Straßburg en 1888
Depuis le Moyen Âge, la ville redoutait d'être assiégée et consacrait une part importante de son budget à l'entretien de ses fortifications. Malheureusement, lorsqu'en 1870, elle fut envahie par les troupes badoises, Strasbourg était mal préparée. Pendant trois nuits, elle fut bombardée. Plusieurs bâtiments furent détruits, comme l'Aubette, la préfecture et le phéâtre. La toiture de la cathédrale fut atteinte. L'illustre bibliothèque du Temple Neuf aussi, où était conservé l’Hortus Deliciarum (le jardin des délices) d'Herade de Landsberg, un livre grand format aux enluminures splendides réalisé par une moniale et qui faisait la fierté de cette belle bibliothèque, mais qui partit en fumée dans l'incendie (tout comme plusieurs milliers de trésors de livres anciens et d'incunables) un soir d'août 1870. Les vivres manquants et les remparts étant endommagés, le Général Uhrich capitula. Le bilan du siège fut lourd. De nombreux habitants avaient été tués, blessés ou malades.
L'Alsace-Lorraine fut alors annexée à l'Empire allemand. Il s'agit alors de l'apogée de la domination politique et territoriale de Strasbourg. La ville bénéficiait également de la volonté des Allemands d'en faire la vitrine du savoir-faire allemand, visant à s'attirer les populations locales tout autant qu'à montrer au monde et notamment à la France la supériorité en tout point de la culture germanique. La plus importante extension urbaine de Strasbourg fut alors planifiée, sous la direction de deux maires qui furent des administrateurs remarquables, Otto Back et Rudolf Schwander, avec pour résultat un doublement de la superficie de la zone urbanisée en une trentaine d'années. Après les bombardements, il s'agissait de reconstruire. La ville étouffait dans ses remparts médiévaux. L'architecte alsacien Conrath entreprit de construire de larges artères entrecoupées d'espaces verts. De nombreux édifices publics virent le jour : palais universitaire, poste centrale, bains municipaux. La place de la République constituait le point de jonction entre la cité historique et la nouvelle ville. Cinq édifices prestigieux y furent élevés, comme le parlement d'Alsace-Lorraine (aujourd'hui Théâtre national de Strasbourg), la Bibliothèque nationale universitaire ou le palais de l'Empereur (aujourd'hui Palais du Rhin) mêlant Renaissance florentine et baroque monumental berlinois. C'est également durant cette période que l'actuelle gare a été construite, remplaçant l'ancienne gare terminus.
Vue de la ville en 1895
Dans cette fièvre de modernité, certains détails n'en conservèrent pas moins pendant longtemps un caractère bien primitif : dans les immeubles construits à la fin du XIXe siècle, il était rare de disposer d'une salle de bain ; on allait une fois par semaine aux douches municipales quand on était propre. Presque toujours les W-C étaient situés à l'extérieur, sur le palier, même s'il n'y avait qu'un seul appartement à l'étage et qu'ils ne servissent donc qu'à une seule famille : il fallait les éloigner le plus possible du reste du logis. Hans-Otto Meissner raconte dans ses souvenirs que, dans l'immeuble tout neuf où ses parents habitaient et qui avait été construit au début du XXe siècle, bien des visiteurs étaient choqués de voir les cabinets à l'intérieur de l'appartement. « Ce n'est pas hygiénique », disaient-ils. Mais dans cette somptueuse bâtisse, toute moderne qu'elle était, on n'avait pas craint de placer sous les toits des chambres de bonnes minuscules, sans eau courante (il fallait aller la chercher dans la cour), et où les malheureuses avaient peine à se tenir debout. Vers 1900, le Modern Style, venu de Glasgow, fait une petite apparition, sous le nom d'Art nouveau. L'École des Arts décoratifs a une remarquable façade de ce style, qu'elle soutient. Celle de la Maison égyptienne n'en est pas moins étonnante, mêlant Jugendstil et orientalisme. Ces immeubles apportent une note de fantaisie à l'ensemble conventionnel des autres bâtiments.
La passerelle Mimram, au Jardin des deux rives
À partir de 1912, les travaux s'attaquèrent aux domaines du transport et de la communication. Des voies de circulation plus commodes furent créées. Places et avenues, larges et aérées, furent ornées d'arbres. Une nouvelle gare fut construite. Le port du Rhin, à vocation industrielle et commerciale, fut réalisé. Une ceinture de fortifications nouvelles fut entreprise. La ville se transforma en grande ville industrielle, sa population doubla et sa vie intellectuelle renaît. Après la Première Guerre mondiale, pendant laquelle Strasbourg fut relativement épargnée, l’Alsace-Lorraine revint à la France qui chercha à franciser la région à marche forcée, en oubliant la mixité de la culture alsacienne et les nombreux progrès sociaux acquis pendant la période 1870-1914. La contestation politique du peuple alsacien s'accompagna d'une protestation culturelle. Soucieux de conserver leur particularisme, les Strasbourgeois fondèrent un musée alsacien, préservant les traditions régionales. Le Théâtre Alsacien est né.
Mais la Seconde Guerre mondiale arriva et l’Alsace fut à nouveau annexée par l’Allemagne. Une très dure politique de germanisation fut lancée : interdiction d'employer le français, changement du nom des rues et des noms de famille à consonance française. Le 23 novembre 1944, Strasbourg fut libérée par la 2e division blindée de Leclerc et l’Alsace revint à nouveau à la France. Strasbourg retrouva sa prospérité et l’Alsace est aujourd’hui l’une des régions les plus dynamiques de France.
Depuis 1945 : Strasbourg, ville symbole au cœur de l'Europe
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En 1949, le ministre britannique des affaires étrangères, Ernest Bevin a déclaré « Nous cherchions un centre qui puisse convenir aux nations européennes et devenir un symbole de l'unité de l'Europe. Le choix de Strasbourg m'a paru évident. Cette grande cité avait été témoin de la stupidité du genre humain qui essayait de régler les affaires par la guerre, la cruauté et la destruction ».
source : Wikipedia