Altorf en bref
Département : Bas-Rhin
Code postal : 67120
Population : 0 habitants
Région : Alsace
Arrondissement : Molsheim
Canton : Molsheim
Code postal : 67120
Population : 0 habitants
Région : Alsace
Arrondissement : Molsheim
Canton : Molsheim
Histoire de Altorf
L'origine communément admise du nom d'Altorf est la forme Alt-dorf (vieux village) dont l'ancienne graphie est encore visible avant la seconde guerre mondiale. Néanmoins, la graphie Altorf ou Altorff plus ancienne n'écarte pas vraiment la racine latine altum.Le blason d'Altorf, d'azur et d'or, représente un crampon de piège à loup, voire une crosse d'évêque. Il est visible sur le menhir Lange Stein marquant la limite géographique avec le village voisin de Dorlisheim.
Altorf est située sur l'ancienne via romana reliant Strasbourg au col stratégique du Donon. Rapidement, l'histoire du village se confond avec celle de son abbaye bénédictine, fondée en 974 par Hugues III d'Eguisheim. La chapelle est consacrée peu après, sous la houlette de Maïeul, évêque de Cluny.
En 1079, le pape saint Léon IX, issu de la puissante famille d'empire Eguisheim-Dabo consacre un autel à Saint Cyriaque, qu'il dota de reliques (bras du saint). Le reliquaire de style oriental représentant un buste en bois polychrome est une des pièces majeures de l'abbaye (seconde partie du XIIe siècle).
L'abbaye est dotée, tout comme Steige et Marmoutier de nombreuses dépendances, ce qui la rend très prospère. Les églises de Barembach et Grendelbruch, pourtant relativement distantes, sont incorporées à l'abbaye d'Altorf par la bulle de 1192 du pape Celestin III, impliquant notamment le rattachement des dîmes. Ses propriétés le long de la rive droite de la Bruche s'étendant depuis le cours de la Rothaine jusque dans la plaine d'Alsace reviendront à l'Evêché de Strasbourg en 1226 à l'extinction de la lignée Eguisheim. Par ailleurs, les empereurs lui donnèrent le droit de battre monnaie (monnaie de Saint-Cyriaque). Ce privilège fut transféré au XIIIe siècle à Dachstein puis Molsheim.
Le rayonnement culturel de l'abbaye conduisit à l'établissement d'une université, qui sera par la suite transférée à Molsheim dans le giron chartreux, avant d'être également déplacée pour constituer l'université de Strasbourg. L'architecte et érudit Johannes Christophorus Sturm fut recteur de l'université d'Altorf jusqu'en 1719.
La puissance économique et culturelle valut à Altorf quelques coups de sang : en 1262 où le village et le couvent sont incendiés par des strasbourgeois en révolte contre l'évêque Walter, en 1525 lors d'une jacquerie qui mit à sac l'abbaye (révolte des rustauds), et enfin un siècle plus tard pendant la guerre de Trente Ans.
L'épopée des Rustauds, qui prit naissance un peu partout dans le Saint-Empire, se cristallisa en Basse-Alsace autour d'Altorf, Dorlisheim et Boersch. Les chefs du mouvement Erasme Gerber et Georg Ittel respectivement de Molsheim et de Rosheim établirent avec une troupe de 1500 hommes leur quartier général à Altorf, d'où la contagion gagna toute la province en une semaine, avec des troupes pillant des couvents et rudoyant des juifs.
Le saccage de l'abbaye d'Altorf en particulier eut un retentissement considérable, cet épisode étant rapporté par une gravure de Matthias Grünewald. La révolte fut finalement réprimée quelques semaines plus tard, le 20 mai 1525 par le Duc Antoine de Lorraine, avec 18 000 morts du côté des insurgés.
A l'occasion de la guerre de Trente Ans, des troupes suédoises stationnèrent dans le village. On notera à cet égard qu'Altorf a constitué un point d'ancrage dans la reconquête de la Contre-Réforme catholique, reconquête qui avait déjà été préparée par l'ouverture d'un collège de jésuites à Molsheim en 1580. L'épitaphe de l'abbé Matern rappelle qu'il réussit en 1686 à ramener les habitants de la commune de Duttlenheim à l'Eglise romaine et les faisant quitter "la secte de Luther".
Cette période de guerre fut assurément difficile pour la population, si on en juge par le fait que la riche abbaye dut mettre en gage la crosse abbatiale en 1637 et ne fut en mesure de la récupérer que 20 ans plus tard.
L'abbaye et ses dépendances furent reconstruites à diverses reprises, les dernières en date étant au XVIIIe siècle (reconstruction des bâtiments conventuels et du transept à partir de 1715 par le maître baroque Peter Thumb, construction de l'orgue par André Silbermann en 1723) et plus récemment en 1991 une restauration complète lors du ministère du curé Henri Host et sous la houlette du service des Monuments Historiques.
En 1791, l'abbaye est dissoute par les révolutionnaires, les bénédictins sont contraints de partir. Le tympan roman sur la porte principale est détruit à cette période ; il sera remplacé en 1886 par le sculpteur Eugène Dock. Tous les bâtiments constituant l'abbaye sont rasés au XIXe siècle, hormis l'aile de l'abbé, qui fera plus récemment office de presbytère.
L'église est protégée par les Monuments Historiques en 1932, inscrite en 1937 et classée en 1983.
En 2000, le linteau de la porte du village (Klostermauer), endommagé en 1965, est restauré. En 2001, la Grange de la Dîme (Zehntelschir) également, pour devenir une médiathèque. En 2004, les jardins de l'abbaye (hortus, herbarium, pomarium) sont restaurés, aménagés et ouverts à la visite du public.
source : Wikipedia