Thiaucourt-Regniéville en bref
Département : Meurthe-et-MoselleCode postal : 54470
Population : 0 habitants
Région : Lorraine
Arrondissement : Toul
Canton : Thiaucourt-Regniéville
Histoire de Thiaucourt-Regniéville
Malgré la présence de traces d'habitat pouvant remonter aux gallo-romains, la fondation de Thiaucourt doit être attribuée au leude franc Théobald qui s'installa aux temps mérovingiens sur le site, dés lors connu sous le toponyme de la Theobaldi-curtis.Moyen-Âge
Elle fut cédée en bloc en 761 à l'abbaye de Gorze. Les possesseurs successifs de parts de territoire étant en constantes transactions pieuses avec les abbayes voisines de Saint-Benoît et de Sainte-Marie-aux Bois, Thiaucourt et ses forêts intégrèrent définitivement le Comté de Bar en 1279, lorsque Thiébaut II en obtint la propriété contre la cession aux bénédictins de Gorze de Saint-Julien-lès-Gorze, Villecey-sur-Mad et Onville.
Riche de ses bois de Woëvre que la communauté exploite déjà en 1285 et de productions viticoles appréciées (citation de 1178), l'histoire discrète de Thiaucourt sera marquée jusqu'à la Révolution par la culture de la vigne, les tribulations des temps féodaux et par l'ascension administrative. Elle se fera lentement, au détriment du chef-lieu de prévôté de Lachaussée, sous l'égide des ducs de Bar puis de Lorraine, seigneurs exclusifs du lieu jusqu'en 1789.
Une dynastie de prélats, officiers et administrateurs comtaux puis ducaux emprunte son nom au bourg barrois (archiprêtres de Gorze, chanoines, prévôts de Lachaussée, maires de Thiaucourt…). Son apogée se situe au XVIème siècle avec Didier de Thiaucourt, capitaine du château de Bar et maréchal de l'artillerie du Duc René II. Elle posséde longtemps une grosse tour inféodée à Bar, appuyée contre le fort de Thiaucourt et divers vignobles comme la vigne de la Clouyère. Ses armes sont « D’argent à un levron de sable passant ». Le lévrier marchant, noir sur fond blanc, mais sans le collier traditionnel de l'animal de cour, révèle le dévouement certain de la famille au souverain de Bar, corroboré par les archives, mais sans servilité excessive. La dynastie, bourgeoise à l'origine, passe lentement dans l'aristocratie de moyenne lignée. Le services de guerre rendus par un de ses membres, Vivien, donnent l'occasion au duc Robert de Bar, en 1393, de prononcer l'un des premiers anoblissements du duché. La tombe du chevalier en grand harnois pouvait se contempler jusqu'à la Révolution dans la petite église paroissiale de Prény.
Mal protégé par ses palissades et les tours de son fort, malgré sa compagnie d'arbalétriers (1333), le bourg est ravagé à plusieurs reprises au gré des conflits opposant les ducs, les cités et les évêchés. Il est, selon la chronique, soumis au pillage incendiaire notamment de Charles le Téméraire. Les documents montrent une population rendue exsangue par la peste de 1348 et évidemment la guerre de Trente ans. Elle est régulièrement soumise aux tributs divers comme aux passages de troupes. Le Duc Robert de Bar banquette ainsi chez les Thiaucourt, aux frais de l'habitant, avec le fleuron de la chevalerie barroise, la nuit du 15 au 16 décembre 1395.
Époque moderne
Pour des raisons économiques et administratives, le bourg bénéficie d'un attrait relatif auprès des ducs. Ils prescrivent dans le courant des XV-XVIème siècles la réalisation de l'enceinte dont les vestiges les plus significatifs (les portes) disparaissent vers 1870. Il en reste aujourd'hui un pan de courtine d'une cinquantaine de mètres et deux bastions vers l'ancienne « Porte aux Loups ». Les ducs réglementent à plusieurs reprises l'usage du patrimoine forestier opulent de la communauté (notamment par le grand règlement de 1582), ils accordent foires et marchés (1462, 1573), des franchises sur les fours et pressoirs (1553), exemptent les bourgeois de la garde du château de Lachaussée et transférent la justice prévôtale au maire ducal (1580).
La lente conquête d’une prééminence administrative du bourg de Thiaucourt sur la forteresse de Lachaussée, gardienne des confins du duché aux bornes des Evêchés de Metz et Verdun, prend fin avec les réformes révolutionnaires, après avoir connu son point culminant en 1661 puis en 1751, dates d'érection du bourg en chef-lieu de prévôté puis de bailliage. C'est ainsi que peuvent être confondues souvent deux catégories d'armoiries : celles de la cité et celles de la prévôté ou du bailliage qui lui succède. L'écu parsemé de croix recroisetées avec ses deux tours adossées des barbeaux ducaux, sont celles de la châtellenie barroise (Lachaussée puis Thiaucourt). L'écu à quatre cantons, deux avec le tau grec et la grappe de raisin au naturel et deux avec les armes de Bar, surmontées de l'enceinte citadine, sont évidemment celles de la communauté. Elles ne peuvent pas se confondre non plus avec celles de la famille de Thiaucourt, au lévrier.
Le point d'orgue de la renommée viticole de ce terroir favorisé que fut le cru de Thiaucourt se situe dans le courant des XVII et XVIIIémes siècles, où des exportations sont attestées, en particulier à la cour des évêques de Verdun et vers la Flandre. On trouve aussi mention du vin de Thiaucourt dans les inventaires de courtisans ducaux et dans les archives des douanes intérieures des principautés lorraines pendant tout le Moyen-Age et l'époque ultérieure.
XIXe siècle
Après la florissance du XVIIIème siècle, où la petite ville de Thiaucourt bouillonne de l'activité de ses vignerons et de sa micro-société d'avocats, notaires et juristes, la ville prend une part très effacée mais banale aux troubles révolutionnaires.
La prospérité du vignoble thiaucourtois, dont les plus beaux fleurons sont en possession des familles bourgeoises issues de la basoche d'ancien Régime, est annihilée à son tour brutalement par les épidémies agricoles et par le désenclavement ferroviaire de la vallée du Rupt-de-Mad entre 1850 et 1900. Le vignoble, sauvé par les plants américains, perdure cependant et fait encore parler de lui. On trouve du Thiaucourt dans les communs de la Cour des Windsor et sur le paquebot Normandie. Il est même très probable que du Thiaucourt a figuré sur la carte des vins du pont de troisième classe du Titanic (où il est encore…). Il est vrai que ce vin rouge, typé et charnu, avec sa culotte ovale caractéristique et propre à une conservation de durée moyenne, a parfois des saveurs proches de certains « châteaux » du bordelais ; rien de comparable en tous cas avec les charmants vins gris du Toulois, qui sont d'une toute autre essence. Tout est ici dans le terroir local et dans son exposition exceptionnelle sur le coteau du Rupt-de-Mad. Cet atavisme donne très naturellement à son rosé une propension à virer à la champagnisation lorsqu'il est jeune et cela, sans aucune intervention extérieure. Il surprend alors par son abord fougueux et pétillant et sa mousse ressemble alors étrangement à celle du cidre.
Première guerre mondiale
Première ville française reconquise par les américains en septembre 1918, après quatre années d'occupation par le corps bavarois, relativement paisibles, la ville perd beaucoup de ses enfants et de son âme antique pendant la première guerre mondiale et en particulier lors des bombardements de libération. A une population de veuves asservies, affamées par les réquisitions, parvient pendant de longs mois le sourd grondement et les éclairs nocturnes des combats du Bois-le-Prêtre, des tranchées du front de Haye, puis de la boucherie de Verdun.
Relevée de ses ruines vers 1920, elle a perdu en particulier tout ce qui faisait son cachet de petite ville d'ancien Régime : ses maisons des XV-XVI et XVIIème siècle. L'église paroissiale, reconstruite en 1732 n'a plus de clocher, dynamité par le libérateur, le couvent des Capucins (1708) a perdu son église, le pont médiéval de 1552 a sauté et bien des hôtels particuliers de la belle époque du bailliage sont à bas, comme par exemple la « Maison du Fort » avec sa tourelle-escalier, sous le presbytère, qui a remplacé la tour féodale des Thiaucourt. On rétablit cependant la ligne du Thiaucourt-Toul, le « tacot » ou « tortillard » mais pour peu de temps, en évitant le viaduc ferroviaire de Bouillonville, supprimé lui-aussi pour des causes stratégiques. Le territoire et le nom du village martyre de Regniéville est aujourd'hui adjoint à celui de Thiaucourt, pour que jamais ces événements tragiques ne soient oubliés.
Thiaucourt, gardien de 35 000 tombes de toutes nationalités est aujourd'hui une des plus grandes nécropoles militaires de France et possède l'un des plus beaux cimetières militaires américains d'Europe.
Epoque contemporaine
Le chef-lieu de canton, frappé par les mutations économiques (voyez le départ de son ancienne et célèbre fromagerie ou la fermeture définitive de sa gare SNCF), occupe cependant un position centrale dans le parc naturel régional, au cœur de la vallée du Rupt-de-Mad, rivière poissonneuse et coulée verdoyante dont le potentiel de développement est encore insoupçonné.
Gageons que l'immigration récente d'une population rajeunie où subsistent çà et là des alliances à quelques familles de souche, saura débanaliser les attraits notamment touristiques encore inexploités du pays thiaucourtois, sans renier au contraire certains des atouts qui ont marqué une histoire honorable.
source : Wikipedia