Cherbourg-Octeville, 50100
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Cherbourg-Octeville en bref

Département : Manche
Code postal : 50100
Population : 0 habitants
Région : Basse-Normandie
Arrondissement : Cherbourg
Canton : Canton non précisé

Histoire de Cherbourg-Octeville

Origines et étymologie
Durant le Moyen-âge, la cité était appelée Carusburc, après avoir successivement porté les noms de Coesaris burgus et de Caroburgus et parfois Cherebertum. En 1056, elle portait le nom de Caris bourc, Coesaris burgus à la fin du XIe siècle, puis vers 1315 Chiérebourt et Chiérebourg en vieux français, Chirburg en Anglais. Le nom de Cherbourg n'est définitivement fixé à la fin du XVIe siècle[1].
Carusburg signifierait en scandinave « forteresse des marais », de kjars (marais) et de borg (château, ville fortifiée), issu du latin burgum.
L'antique Coriallo des Unelles, cité dans l'Itinéraire d'Antonin et latinisé en Coriallum, dont l'étymologie gauloise aurait la même signification, pourrait être localisée selon Robert Lerouvillois, entre Cherbourg et Tourlaville, sur les Mielles. Cependant, des doutes subsistent en raison du manque de précision de la Table de Peutinger, et certains auteurs placent la cité vers Urville-Nacqueville ou Beaumont-Hague, tandis que d'autres, comme Claude Pithois, pensent qu'il s'agissait une agglomération de villages celtes protégés par le Hague-Dick sur le territoire d'Omonville-la-Rogue, Digulleville et Omonville-la-Petite.
Le nom d'Octeville apparaît quant à lui en 1063, dans une charte de Guillaume le Bâtard, à propos de dotations faites à la collégiale de Cherbourg.
Moyen-Âge : une place forte
La date de fondation de Cherbourg ne peut être fixée précisément, même si les vestiges de Coriallo tendent à la situer à l'époque des Celtes. Il existe un castrum sur la rive gauche de la Divette depuis au moins le IVe siècle.
En 497, la cité est cédée avec l'ensemble de l'Armorique à Clovis. Après plusieurs pillages normands au IXe siècle, Cherbourg est rattachée au Duché de Normandie avec l'Avranchin et le Cotentin, en 933, par Guillaume Longue-Épée. En 946, une flotte de 60 voiles y débarque, menée par le roi danois Harold, chassé de ses terres pour aider Richard Ier de Normandie, encore mineur contre Louis IV de France. Le château, l'un des plus importants de l'époque, est mentionné en 1027, comme élément de la dot lors du mariage de Richard III. En 1053, la cité est l'une des quatre places importantes du duché choisi par Guillaume le Conquérant, pour que l'hôpital, bâti près du ruisseau de la Bucaille vers 436 par Saint-Éreptiole, premier évêque de Coutances, reçoive une rente à perpétuité dédiée à l'entretien d'une centaine de pauvres.
Sous les ducs de Normandie, Cherbourg était, avec Rouen et Caen, l'un des ports commerciaux les plus importants du duché, échangeant essentiellement avec l'Angleterre. En 1150, le duc de Normandie Henri Plantagenet accorde à Cherbourg le privilège de commercer une fois par an avec l'Irlande.
Étant donné sa position stratégique, la ville fortifiée par Philippe le Bel, est très disputée entre Anglais et Français durant la Guerre de Cent Ans. Elle change six fois de propriétaires, suite à des transactions, jamais par les armes. Donnée par Jean le Bon à Charles le Mauvais, puis vendue à Richard II d'Angleterre, elle est assiégée en vain par Bertrand du Guesclin. Richard II revend la ville à Charles le Noble, qui l'échange avec Charles VI contre le comté de Nemours. En 1418, suite à un long siège, la ville se rend aux Anglais. Assiégée une fois de plus sans succès par Charles VII, Cherbourg est définitivement rattachée à la France en 1450, suite à un accord conclu par Jacques Cœur. En raison des souffrances de la population cherbourgeoise, et contre le dépeuplement de la place forte, Louis XI exempte les habitants d'impôts en 1464, ce qui sera la règle jusqu'au règne de Louis XV.
Au début du XVIe siècle, la ville subit trois vagues de peste (en 1504, 1514 et 1517). En 1532, Cherbourg reçoit la visite de François Ier. À cette époque, Cherbourg nous est décrite par Gilles de Gouberville comme une ville fortifiée de 4 000 habitants, protégée par des ponts-levis aux trois portes principales, gardées en permanence et fermées du coucher du soleil jusqu’à l’aube. À l'intérieur des remparts, le château, lui-même protégé par de larges fossés et muni d'un donjon et de douze tours, occupait le sud-est de la ville. À l'extérieur, le faubourg se tenait le long de la Divette, au sud des remparts, et était fréquenté par les matelots [2].
Face aux guerres de religion qui divisent la Normandie à la fin du XVIe siècle, la forteresse de Cherbourg, consolidée et fortement gardée, reste sous le pouvoir royal. Elle subit les assauts répétés (1562, 1563 et 1574) des troupes de Montgomery aidé des Anglais. Celles-ci ravagent alors l'abbaye du Vœu située hors des remparts. Les bourgeois restent également fidèles au roi quand la Normandie est tenue par la Ligue catholique.
XVIIe-XIXe : un port militaire
Bataille de la Hougue, PJ Schotel
Transbordement des cendres de Napoléon Ier, Antoine-Léon Morel-Fatio, 1841
Fort de l'ouest de la digue de Cherbourg
Le jardin public, la montagne du Roule et le Fort, 1908
En 1686, Vauban décide, après inspection des côtes, de renforcer la fortification de la ville. Mais ses opposants, dont Louvois, parviennent trois ans plus tard à convaincre le Roi d'arrêter les travaux, et même de raser les fortifications restantes pour ne pas courir le risque de laisser aux mains des Anglais une place forte solide.
Six années plus tard, la protection de ce port du Cotentin fait cruellement défaut à l'Amiral de Tourville lors de la tentative manquée de repli de la Bataille de la Hougue. Abîmés lors de la Bataille de Barfleur, et n'ayant aucun port capable de les protéger, trois des navires de la flotte s'échouent dans la baie de Cherbourg : le Triomphant à l'entrée du port, l'Admirable sur les Mielles, et le Soleil Royal, vaisseau amiral, sur la pointe du Hommet. Le dimanche 1er juin 1692, devant de nombreux badauds venus du Nord-Cotentin, et alors que le curé a déplacé à l'extérieur la messe, face à la bataille, les brûlots britanniques incendient les trois bâtiments. Les stocks de poudre explosent, les corps des marins et les débris jonchent la plage et les rues de la ville, tandis que le toit de la basilique de la Trinité est détruit par l'explosion du Triomphant.
En 1739, l'ingénieur Hüe de Caligny, directeur en chef des travaux publics de la province de Normandie, entreprend de construire un port de commerce (aujourd'hui au niveau de la place Divette), avec une écluse. Mais il est dévasté en 1758 par une attaque anglaise. Le nouveau bassin du commerce est aménagé en 1769 et inauguré en 1775, après le détournement de la Divette.
En 1776, à la demande de Louis XVI, une commission sous l'égide de Suffren, réunissant notamment Dumouriez, futur gouverneur de la place, et La Bretonnière, est chargée de choisir le port stratégique pour la défense des côtes de la Manche, entre Cherbourg, Ambleteuse et Boulogne. Le rapport de La Bretonnière considère que seul le port normand peut protéger convenablement 80 bateaux de guerre. Dépassant les projets de Vauban, il projette la construction d'une digue de 4 kilomètres de long, entre l'île Pelée et la pointe de Querqueville. Dumouriez et Decaux, chef du génie, conseillent quant à eux, une rade plus courte, allant en droite ligne de l'île Pelée et la pointe du Hommet, comme préconisé par Vauban, avec une passe centrale unique, et en mettant l'accent sur les défenses militaires. On donne finalement raison à La Bretonnière. S'agissant de l'édification, Decaux vante les mérites des caissons de maçonnerie de béton tandis que La Bretonnière préfère le sabordage de vieux navires de guerre et un enrochement à pierres perdues. Mais furent choisis les plans de l'ingénieur Louis-Alexandre de Cessart, ceux d'un môle construit à partir de 90 cônes de bois de 20m sur 20, remplis de pierres et de béton, reliés par des chaînes de fer.
À partir de 1783, trois ingénieurs vont se succéder durant les 70 ans de l'édification des 4 000 mètres de la digue : La Bretonnière, Louis-Alexandre de Cessart et Joseph Cachin. Le premier cône est coulé le 6 juin 1784, à un kilomètre de l'Île Pelée, et la rade s'emplit des 300 à 400 bateaux qui font la navette depuis le port du Becquet pour charger les pierres. Mais les quatre premiers cônes ne résistent pas aux tempêtes. Le 22 juin 1786, Louis XVI fait son seul voyage en province pour voir l'avancement des travaux et assister à l'immersion du neuvième cône de pierre. Quand en 1788, on conclut à l'échec de l'option de Cessart, les caisses sont vides, et les esprits prêts à la Révolution. On revient donc à la conception de La Bretonnière, mais en 1789-1790, Dumouriez et Cessart quittent Cherbourg. Les subsides coupées en 1790, et La Bretonnière contraint à la démission en 1792. Malgré la loi du 1er août 1792 décrétant la construction de l'avant-port militaire, tous les travaux sont suspendus cette même année, et pour dix ans.
En 1802, Bonaparte ordonne de reprendre les travaux de la digue, selon la méthode de La Bretonnière, en aménageant la partie centrale pour recevoir des canons. Par le décret du 25 germinal an XI (1803), il charge l'ingénieur Cachin du creusement de l'avant-port militaire qu'il qualifiera de lac de Moeris (inauguré le 27 août 1813 en présence de l'impératrice Marie-Louise), et décide de la construction du nouvel Arsenal. Le Premier consul veut faire de Cherbourg un des ports militaires principaux, visant l'invasion du Royaume-Uni. En 1803, Cherbourg est à l'abri des attaques anglaises et devient un port d'attache de corsaires. Après une visite en 1811, Napoléon fait de Cherbourg une préfecture maritime, un chef-lieu d'arrondissement de la Manche et le siége d'un tribunal de première instance. Il décrète également l'édification d'un nouvel hôpital de 300 lits, construit à partir de 1859 sur le territoire tourlavillais annexé. Il prend acte ainsi du développement de la ville, et lui donne une plus grande importance dans le Cotentin, face à Valognes qui était sous l'Ancien régime la principale ville de la péninsule, et sous-préfecture de la Manche jusqu'alors.
Les travaux de la digue centrale, interrompus à nouveau entre 1813 et 1832, ne sont terminés que sous Napoléon III, en 1853, tandis que les digues de l'Ouest et de l'Est sont achevées en 1895. Les bassins Charles X (commencé en 1814 — 290 x220 x18 mètres) et Napoléon III (commencé en 1836 — 420 x200 x18 mètres) du port militaire sont respectivement inaugurés le 25 août 1829 en présence du Dauphin, et le 7 août 1858 par le couple impérial. Les travaux de la digue sont conclus par la Troisième République, avec l'adjonction des digues de l'Est (1890-1894) et de l'Ouest (1889-1896), et la construction de la Petite rade (digue du Hommet, 1899-1914, et digue des Flamands, 1921-1922). Les digues de Cherbourg qui constituent depuis la plus grande rade artificielle du monde, n'ont pu être détruites par les Allemands en 1944. L'ampleur des travaux séculaires eut un écho important en France, à l'image d'Émile Zola qui écrit en 1879 dans Nana : « À Cherbourg, il avait vu le nouveau port, un chantier immense, des centaines d’hommes suant au soleil, des machines comblant la mer de quartiers de roche, dressant une muraille où parfois des ouvriers restaient comme une bouillie sanglante ».
Ouvert en 1793, l’ancien Arsenal (à l'emplacement de l’actuel quai Lawton Collins) construit des bâtiments de surface à voile. Le premier, le brick la Colombe, est lancé le 27 septembre 1797 après un chantier de 3 ans. En 1803, Bonaparte décide de bâtir un nouvel arsenal à proximité du port militaire en projet, à l'Ouest de la ville. Construisant des navires à voile, puis à hélices jusqu’à la fin du XIXe siècle, l'Arsenal se spécialise dès 1898, dans la construction de sous-marins. Les premiers sont le Morse et le Narval. Depuis, plus de 91 bâtiments y ont été construits.
En 1830, Charles X, détrôné, embarque pour l'exil à Cherbourg sur le Great Britain, laissant la place à la Monarchie de Juillet. En parallèle des travaux du port, la ville se développe. Les rues sont pavées et assainies, de nouveaux quartiers naissent, des bâtiments s'élèvent, comme le théâtre et l'hôtel de ville, les sociétés savantes apparaissent. Dans ces années, Cherbourg peut être considérée comme bonapartiste. Reconnaissante envers l'Empereur d'avoir fait de Cherbourg un port d'importance primordiale, la ville devait s'appeler Napoléonbourg avant que la défaite de Waterloo n'empêche la réalisation du projet. En 1831, les électeurs choisissent le colonel de Briqueville, fidèle colonel des dragons napoléoniens, comme représentant à la Chambre des députés, lui offrant à sa mort en 1844, des obsèques populaires et finançant l'année suivante un buste présent sur les quais. Le 8 décembre 1840, la Belle Poule, qui ramène les cendres de Napoléon en France fait sa première escale à Cherbourg. Suite à une cérémonie d'hommage, la place du Rampart, gagnée sur la mer est baptisée place Napoléon. En 1858, à l'occasion de la visite de Napoléon III, venu pour l'inauguration de la ligne Paris-Cherbourg, une statue équestre de Napoléon y est érigée.
Le 19 juin 1864, au large de Cherbourg a eu lieu un épisode célèbre de la guerre de Sécession, où le navire de guerre des Confédérés, le CSS Alabama, est coulé par le navire de l'Union USS Kearsarge après deux heures de combat (voir le Combat naval à Cherbourg), sous l'œil de milliers de spectateurs, venus en train pour l'inauguration du casino. Assistant au combat depuis un voilier, Manet l'a ensuite immortalisé dans un tableau.
En parallèle, Octeville se développe également. Village rural à l'habitat dispersé en hameaux, constitués autour de grosses fermes (La Crespinière, La Prévallerie, Grimesnil, la Gamacherie…), la commune devient chef-lieu de canton en 1801 (décret du 23 vendémiaire an X), et sa population s'accroît par l'afflux des ouvriers venus pour la construction du port de Cherbourg et pour travailler à l'Arsenal. Le bourg se constitue autour d'une rue principale.
Début XXe : port d'émigration
GI's près de l'un des derniers soldats allemands à défendre la ville, le 27 juin 1944
Le général de Gaulle au balcon de la mairie de Cherbourg en août 1944
En 1905, Cherbourg accueille une exposition internationale. Première escale du Titanic en 1912, Cherbourg a son heure de gloire dans l'épopée des transatlantiques. En effet les paquebots britanniques partant de Southampton y font escale avant de traverser l'Atlantique. Trop gros pour accoster, les premiers doivent mouiller dans la rade, des transbordeurs faisant la navette. Pour accueillir au mieux les escales, la Chambre de commerce fait construire un port en eau profonde, conçu par Paul Minard, et une nouvelle gare maritime imposante. En 1929, la Gare accueillera 985 escales et 300 000 passagers. Dans l'Entre-deux-guerres, un train spécial amène en trois heures les passagers partant vers les États-Unis depuis Paris, directement à la grande gare maritime de Cherbourg. En 1922, les compagnies White Star Line, Cunard Line et Red Star Line commande à René Levavasseur l'hôtel Atlantique (aujourd'hui siège de la Chambre de commerce et d'industrie) pour accueillir les émigrants. Mais le nombre de quotas américains d'émigration est réduit à cause de la crise de 1929, le nombre des émigrants passant de 41 000 à 8 000 entre 1922 et 1935. La légende transatlantique est alimentée pendant plus d'un demi-siècle par les majestueux paquebots que sont le Queen Mary, le Queen Elizabeth et le Normandie, et par ses passagers, stars d'Hollywood, (Liz Taylor et Richard Burton, Orson Welles, Rita Hayworth, Charlie Chaplin, Burt Lancaster…) et artistes européens (Salvador Dali, Fernandel, Greta Garbo…)
Seconde Guerre mondiale
Les Allemands arrivent le 17 juin 1940 dans les faubourgs de Cherbourg. Durant deux jours, le port devient le « Dunkerque normand », où les soldats anglais rembarquent à la va-vite. Le fort de l'Est de la digue est détruit par la marine française. Le 18 au soir, les derniers combattants se rendent. Le lendemain, Erwin Rommel reçoit la reddition de la place des mains du préfet maritime, le vice-amiral Le Bigot.
Quatre années plus tard, Cherbourg, seul port en eau profonde de la région, est l'objectif premier des troupes américaines débarquées à Utah Beach. La Bataille de Cherbourg doit donner aux alliés un support logistique pour le ravitaillement humain et matériel des troupes. En mai 1944, lors de la seconde évacuation de la ville, 14 000 Cherbourgeois sont déplacés, envoyés notamment dans le Loiret. Les troupes américaines encerclent la ville le 21 juin. Après de furieux combats de rue et les tirs nourris des cuirassés contre les batteries allemandes le 25, et une âpre résistance du fort du Roule, le général Karl von Schlieben, l'amiral Walter Hennecke et 37 000 soldats se rendent le 26 à 16h au général Joseph Lawton Collins. L'arsenal et les forts de la digue résistent une journée de plus. À l'occasion du 14 juillet 1944, la place du Château devient place de Gaulle, tandis que le quai de l'Ancien Arsenal sera nommé quai Lawton Collins, général du VIIe corps américain.
En un mois, les troupes du génie américaines et françaises remettent en état le port complètement rasé par les Allemands et les bombardements, qui peut alors accueillir les premiers liberty ships. Dès lors, et jusqu'à la victoire de 1945, le débarquement journalier des approvisionnements et du matériel militaire fait de Cherbourg le plus grand port du monde. Le trafic y sera le double du port de New York. L'essence traverse la Manche via le pipe line sous-marin PLUTO (Pipe Line Under The Ocean).
Le 24 décembre 1944, le cargo belge Léopoldville, chargé de 2 237 soldats américains de la 66e division d'infanterie, les Black Panthers, est torpillé par un sous-marin allemand au large de Cherbourg. On dénombre 763 morts et 493 disparus. Cherbourg est citée à l'ordre de l'armée le 2 juin 1945, et rendue à la France par les Américains le 14 octobre.
De l'Après-guerre à aujourd'hui
Le Redoutable
Cherbourg est la moins meurtrie des grandes villes normandes. Le besoin de reconstruction de Cherbourg est limité, puisque les destructions se sont principalement concentrées sur le port militaire et à ses alentours, comme l'abbaye du Vœu. Octeville, qui s'est urbanisée au début du XXe siècle, a été en revanche détruite à 60% par les bombardements.
De plus, la nécessité vitale de Cherbourg pour le succès de la Bataille de Normandie a permis au port d'être reconstruit par les Américains en une année. De plus, même détruit à 70%, l'arsenal de Cherbourg est moins dévasté que ceux de Brest et Lorient, et le port militaire est le seul de la façade Atlantique/Manche qui soit opérationnel. Les travaux de reconstruction commencent donc dès 1944, et l'effervescence autour du port profite à la ville qui ne subit pas le long pansement des plaies des autres villes du Cotentin. En 1948, l'Arsenal est entièrement remis sur pied et profondément rénové.
Les Trente Glorieuses voient le développement urbain de Cherbourg. La ville doit faire à une crise du logement, face au boom démographique. En effet, un rapport de 1954 évalue à 1 000 familles les habitants vivant dans des taudis, et réclame 1 500 logements. Sortent alors de terres la cité du Casino en 1957 et la cité Fougère en 1958, puis en 1959 l'ensemble de l'Amont-Quentin, de Charcot-Spanel et la cité Chantereyne qui doit accueillir les familles des ingénieurs et officiers travaillant à l'Arsenal[3]. Le port Chantereyne gagné sur la mer, la place Divette et le boulevard Schuman créés à l'emplacement des anciens champs de foire, et le grand ensemble des Provinces sur les hauteurs de la Fauconnière à Octeville, modifient la physionomie d'une ville qui se densifie.
Rapidement à la Libération, l'économie locale reprend ses droits. Alors que la pêche se relance, les chantiers navals (Doucet, Bellot, Hamel) rouvrent. Félix Amiot les rejoint, se concentrant particulièrement sur les navires de guerre. Simon Frères s'appuie quant à lui sur la relance de l'agriculture qui se modernise.
En 1954, le gouvernement décide l'étude d'un sous-marin atomique, le Q 244, et Cherbourg est choisi pour sa construction en 1955. L'année suivante, s'installe l'École des applications maritimes de l'énergie atomique (EAMEA, devenue école des applications militaires de l'énergie atomique). Cependant, la France n'ayant pas de plutonium, le projet est abandonné en 1959. Mais la mise en place de la Force de dissuasion nucléaire française, voulue par le général de Gaulle, implique le premier SNLE, le Redoutable, construit à partir de 1964 et lancé par le président de la République trois ans plus tard. Ce nouveau projet entraîne l'évolution de l'arsenal, qui travaille désormais la matière nucléaire.
À Noël 1969 eut lieu l'épisode des vedettes de Cherbourg, où cinq vedettes lance-missiles destinées à Israël, mais sous embargo, sont détournées par les services secrets israëliens. L'affaire eut un retentissement mondial.
A partir des années 1990, l'identité maritime de l'économie de Cherbourg souffre. Le plan Joxe en 1992 porte un coup grave [4], en imposant une réduction drastique des effectifs de l'Arsenal, accompagné du transfert de la Flottille du Nord (FLONOR) vers Brest. Dès lors, le poids de l'armée ne cessera de diminuer, avec le départ de l'école d'administration de la Marine pour Toulon et la fermeture de l'Hôpital maritime.
Dès 1971, une communauté urbaine a été mise en place. Peu à peu, l'idée d'un Grand Cherbourg émerge, consistant à fusionner les six villes de la communauté urbaine de Cherbourg pour n'en faire qu'une seule. Le 7 novembre 1999, un référendum est organisé auprès des 55 000 électeurs de ces six communes. Seulement deux communes votent majoritairement "oui" : Cherbourg avec 83,72% et Octeville avec 55,88%. Le 15 novembre 1999, les conseils municipaux des deux communes confirment le vote, aboutissant le 1er mars 2000 à la fusion effective.
Depuis quelques années, la dernière gare transatlantique du monde, au style Art déco, retrouve de son lustre d'autant, en accueillant une vingtaine de paquebots par an, parmi lesquels la démesurée Queen Mary 2, en avril 2004, qui fera de Cherbourg son port d'escales continentales. L'ancien bâtiment a été réhabilité pour accueillir la Cité de la Mer, musée sur l'étude océanographique et la marine, ouverte en avril 2002 (Aquarium géant, sous-marin Le Redoutable à visiter)tandis que la partie longeant le quai est désormais le seul terminal de cette taille dédié aux navires de croisières en France, ce qui permet désormais à la ville d'accueillir des paquebots de plus en plus nombreux.
source : Wikipedia

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